Histoire monétaire
Le Luxembourg connaît une histoire monétaire mouvementée et ne se dote d’une banque centrale à part entière qu’en 1998.
- De l’émergence du franc luxembourgeois…
- …à l’établissement d’une union monétaire européenne
- Chronologie
De l’émergence du franc luxembourgeois…
Au cours du XIXè siècle et jusqu’au début du XXè siècle, plusieurs monnaies circulent au Grand-Duché. La Révolution française importe le système monétaire uniformisé et décimal au Luxembourg. Le franc germinal, mis en circulation à partir de 1803, est bien accepté et garde son cours légal jusqu’en 1825, alors même que le Luxembourg passe sous le régime monétaire des Pays-Bas à partir de 1815, et ce jusqu’à son indépendance en 1839. Entre-temps, la Belgique, qui a obtenu son indépendance et s’est scindée des Pays-Bas, crée en 1832 sa propre monnaie, le franc belge, qui est introduit au Luxembourg.
L’indépendance du Grand-Duché en 1839 et son adhésion consécutive à l’union douanière allemande (Zollverein) entraînent la mise en circulation du thaler prussien au Luxembourg, à partir de 1842. Le thaler devient la principale monnaie de paiement, même si l’unité de compte utilisée par les Luxembourgeois reste le franc belge.
Dans ce contexte apparaissent, au cours de la deuxième moitié du XIXè siècle, deux instituts d’émission au Luxembourg. En premier lieu, la Banque Internationale à Luxembourg (BIL), créée en 1856, a le privilège d’émettre des billets de banque, et, à l’instar des autres instituts d’émission privés qui existent au même moment dans la Confédération germanique, son droit d’émission s’applique à plusieurs monnaies de l’époque (franc, florin, thalers prussien et rhénan). En second lieu, la Banque Nationale du Grand-Duché de Luxembourg, institut d’émission à vocation nationale, et dont les billets émis doivent avoir cours légal dans les administrations publiques du Grand-Duché, est créée en 1873. Toutefois, huit ans plus tard, face à des dysfonctionnements opérationnels et des déficiences organisationnelles, la Banque Nationale fait faillite.
Avec la Première Guerre mondiale, le franc prend le pas sur la monnaie allemande, en particulier dans le contexte de la dénonciation du Zollverein en 1918. Non seulement le Gouvernement luxembourgeois commence à émettre provisoirement du papier-monnaie de création luxembourgeoise, mais en outre, une loi de 1914 confère cours légal aux billets émis par la BIL. En 1918, un arrêté grand-ducal emploie pour la première fois le terme de « franc luxembourgeois ».
Un rapprochement monétaire avec la Belgique intervient en 1921, quand est signée la Convention d’Union économique avec la Belgique, et en 1929, une loi établit une parité de 1 à 1 entre le franc belge et le franc luxembourgeois. Le franc belge est toutefois dévalué en 1935, et le franc luxembourgeois est alors fixé à 1,25 franc belge - le rétablissement de la parité de 1 à 1 intervenant en 1944, après la libération, et étant confirmé en 1949 et en 1979. En 1935, une convention monétaire entre la Belgique et le Luxembourg prévoit que la Banque nationale de Belgique (BNB) établira une succursale à Luxembourg, et confère cours légal aux billets de la BNB sur le territoire du Grand-Duché.
…à l’établissement d’une union monétaire européenne
Dès les débuts de l’unification européenne, à la fin des années 1950 et surtout au cours des années 1960, des initiatives voient le jour en vue de créer une union monétaire à l’échelle de la communauté européenne. Plusieurs rapports, dont celui du Premier ministre luxembourgeois Pierre Werner (Plan Werner, 1970), élaborent des propositions pour réaliser les différentes étapes de l’union monétaire – suite logique du marché commun prévu par le traité de Rome de 1957. C’est dans ce contexte qu’est établi le Système monétaire européen en 1979, qui fixe une marge de fluctuation autour d’un cours pivot bilatéral entre les monnaies européennes. Pour affirmer son autonomie monétaire face à ces développements monétaires européens, et face à la décision du gouvernement belge, en 1982, de procéder à une dévaluation du franc belge, le législateur luxembourgeois établit en 1983 l’Institut monétaire luxembourgeois (IML). Autorité monétaire chargée d’émettre de la monnaie et de surveiller le secteur financier, l’IML ne rassemble toutefois pas l’ensemble des caractéristiques propres à une banque centrale. C’est la loi du 22 avril 1998 qui prévoit que l’IML deviendra la banque centrale luxembourgeoise dès la mise en place du Système européen de banques centrales (SEBC), organe rassemblant les banques centrales nationales de l’Union européenne et la Banque centrale européenne (BCE), conformément au Traité de Maastricht signé en 1992. La BCE étant créée le 1er juin 1998, le SEBC entre en fonction ce jour même. La Banque centrale du Luxembourg (BCL) est née et l’IML a cessé d’exister.
Quelques semaines avant l’entrée en fonction du SEBC, lors du sommet européen du 2 mai 1998, onze Etats membres de l’Union européenne ont été sélectionnés pour entrer dans la zone euro : la Belgique, l’Allemagne, l’Irlande, l’Espagne, la France, l’Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas, l’Autriche, le Portugal, et la Finlande. Ces onze Etats membres introduisent donc l’euro sous forme scripturale au 1er janvier 1999, date à laquelle la zone euro se dote d’une politique monétaire unique. Les billets et pièces en euros sont, eux, introduits à partir du 1er janvier 2002. Depuis 1999, ont été admis dans la zone euro : la Grèce (2001), la Slovénie (2007), Chypre et Malte (2008), la Slovaquie (2009), l’Estonie (2011), la Lettonie (2014), la Lituanie (2015) et la Croatie (2023).