Publication du Cahier d’études n°107 : Firm Growth in Europe: an Overview based on the CompNet Labour Module

Auteurs: C. Fernández, R. García, P. Lopez-Garcia, B. Marzinotto, R. Serafini, J. Vanhala and L. Wintr

L’analyse des données d’entreprises individuelles révèle des hétérogénéités significatives à travers différentes dimensions macroéconomiques, telles que l’emploi, la productivité et l’innovation. Ces hétérogénéités sont importantes pour la politique économique, car l’allocation efficace des ressources au niveau micro-économique est essentielle pour stimuler tant la productivité globale que la production potentielle et accroître la résilience d’une économie face aux chocs. Toutefois, jusqu’à récemment, la recherche empirique a été limitée par le manque de données harmonisées d’entreprises individuelles couvrant différents pays.

A ce titre, la base de données internationale sur les entreprises individuelles compilée par le réseau de recherche « Competitiveness Network (CompNet) » représente une avancée importante. En particulier, le Module Emploi de la base de données CompNet fournit une large palette d’indicateurs sur la croissance des entreprises ; il contient des données comparables produites pour 17 pays de l’Union européenne, dont 13 pays de la zone euro, pour 9 secteurs macroéconomiques et couvrant l’ensemble de la période 1995-2012. De plus, les données CompNet portent sur un large ensemble de variables, comprenant, entre autres, la situation financière de l’entreprise, la productivité de la main-d’oeuvre et la productivité totale des facteurs, le coût unitaire du travail et l’investissement, permettant ainsi aux chercheurs d’approfondir les connaissances des moteurs de la croissance de l’emploi. Enfin, la disponibilité des données multisectorielles pour un ensemble de pays peut servir à identifier les effets des politiques économiques ou des conditions-cadres sur la croissance des entreprises.

Premièrement, dans ce papier, nous fournissons une description détaillée du Module Emploi du CompNet, qui pourra servir de référence méthodologique pour des études ultérieures. La base de données permet d’examiner la croissance de l’emploi dans les entreprises à l’aide de trois approches. La première fournit des données sur la croissance relative, classifiant les entreprises dans différentes catégories selon leur taux d’expansion, conformément à la pratique courante. Cette base de données appelée « en pourcentage de croissance » est appropriée pour étudier la performance des firmes à forte croissance et établir un lien avec les travaux de recherche approfondis sur ce sujet. Deuxièmement, la base de données renseigne sur les mouvements des entreprises d’une catégorie de taille vers une autre sur une période de trois ans, utilisant pour cela des matrices de transition. Cet ensemble d’indicateurs est indiqué pour déterminer les effets de seuil sur la croissance des entreprises, notamment dans les pays dont la législation sur la protection de l’emploi est conditionnelle à la taille de l’entreprise et introduit des contraintes additionnelles à partir d’une certaine catégorie de taille. Enfin et s’agissant de la transition des entreprises, la base de données fournit des informations sur le mouvement d’un quintile de taille vers un autre, ce qui renseigne de manière plus correcte sur la dynamique des entreprises. La base de données en quintiles sera plus appropriée pour étudier les déterminants de la croissance des petites et moyennes entreprises de même que dans les pays où la proportion des micro- et des petites entreprises est plus importante.

Deuxièmement, nous présentons de nouvelles caractéristiques de la croissance des firmes à travers les pays européens et les secteurs macroéconomiques sélectionnés, mettant un accent particulier sur l’impact de la grande récession (nous considérons des fenêtres d’une durée de 3 ans, de 2006-2009 à 2009-2012). Nous trouvons, pour la période d’avant crise, que la part des entreprises en expansion était plus élevée que celle des entreprises en décroissance, cela pour l’ensemble des secteurs et des pays. Les nouveaux Etats Membres étaient généralement plus dynamiques sur ce plan que les anciens Etats Membres. Les données indiquent aussi qu’il n’y a pas eu de grande variation à travers les secteurs, du moins dans la période pré-crise. La grande récession s’est manifestée par une forte augmentation de la part des entreprises en décroissance dans les pays en crise et un ralentissement de la croissance des entreprises dans les pays moins touchés par la crise. Dans les pays en crise, le secteur de la construction a souffert le plus, tandis que dans les autres pays, les secteurs de la manufacture et des services liés au transport et au stockage ont été les plus affectés.

Nos résultats confirment les conclusions de la littérature sur la croissance de l’entreprise et sont cohérents avec l’intuition quant à la dynamique de la croissance des entreprises en période de crise. En particulier, les données indiquent que les entreprises plus productives ont une plus grande probabilité de croître que les entreprises moins productives. En même temps, nous trouvons que le processus de réallocation, qui permet d’augmenter la productivité, a été mitigé pendant la crise. Les entreprises à forte intensité capitalistique sont plus susceptibles de croître, tandis que les entreprises plus grandes ont moins tendance à s’étendre. Enfin, nous trouvons qu’un ratio d’investissement plus élevé ou une rentabilité plus importante (dans la période d’avant crise) ont eu un effet positif sur la croissance des entreprises, un résultat qui laisse entendre que les entreprises moins dépendantes du financement externe ont une plus grande probabilité de recruter du personnel supplémentaire.

Le contenu de cette étude ne doit pas être perçu comme étant représentatif des opinions de la Banque centrale du Luxembourg ou de l’Eurosystème. Les opinions exprimées reflètent celles des auteurs et non pas nécessairement la position de la Banque centrale, de ses dirigeants ou de l’Eurosystème.

Ce cahier d’études est disponible ici.

• Accueil
• Imprimer la page