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Publication du Cahier d’études n°111 - Financial Regulation and Shadow Banking: A Small-Scale DSGE Perspective
Auteurs: Patrick Fève et Olivier Pierrard
Il est généralement admis que le manque de réglementation du secteur bancaire parallèle a été une des causes majeures de la crise des subprimes et de la « Grande Récession » qui a suivi aux Etats-Unis. Il est également admis que la réglementation financière devrait donc devenir plus inclusive et englober ce secteur bancaire parallèle (voir par exemple Adrian and Shin, 2009; Gorton and Metrick, 2010; Hanson et al., 2011; Bernanke, 2013). Cependant, comme mentionné par Gertler et al. (2016), la plupart des modèles macroéconomiques avec un secteur financier ne comportent que des services bancaires traditionnels et, par conséquent, ne peuvent être utilisés afin d’étudier la réglementation du secteur financier dans son ensemble. Dans ce papier, nous développons un petit modèle d’équilibre général stochastique dynamique (plus communément connu sous son acronyme anglophone « DSGE ») avec un secteur bancaire par- allèle interagissant avec un secteur bancaire traditionnel. Nous estimons ce modèle sur des données américaines en utilisant l’approche de maximum de vraisemblance.
La contribution principale de ce papier est de montrer que le secteur bancaire parallèle interfère de manière significative avec la politique macro-prudentielle. Premièrement, nous étudions les effets d’une augmentation exogène du ratio d’adéquation des fonds propres. Lorsque le ratio s’applique uniquement aux prêts octroyés par le secteur bancaire traditionnel, une substitution s’opère entre ce secteur traditionnel et le secteur parallèle, afin d’échapper – au moins en partie – au durcissement de la réglementation. Cela a pour effet d’affaiblir substantiellement les effets attendus de la réglementation. Lorsque le ratio s’applique par contre à tous les actifs des deux types d’institutions financières, l’arbitrage réglementaire n’est plus possible et donc la réglementation devient plus efficace. Deuxièmement, nous montrons qu’en présence d’un secteur bancaire parallèle, la règle contra-cyclique sur les réserves de fonds propres devrait réagir au crédit total de l’économie plutôt qu’à une mesure plus étroite représentée par le crédit fourni par le seul secteur bancaire traditionnel. En effet, dans des circonstances particulières comme par exemple pendant la Grande Récession, l’évolution du crédit traditionnel est trompeuse et la règle sur les réserves de fonds propres réagissant seulement au crédit traditionnel peut même mener à des effets pro-cycliques. Nos résultats suggèrent donc de baser la réglementation sur la fonction économique d’une institution financière plutôt que sur sa forme juridique. Cette conclusion soutient dès lors l’évolution de la réglementation bancaire vers une approche plus globale telle que préconisée dans Bâle III. Comme illustration complémentaire, nous effectuons une expérience contrefactuelle montrant qu’une régulation de toutes les activités de l’ensemble du secteur financier avec une règle contra-cyclique réagissant au crédit total aurait réduit les fluctuations de l’investissement de 10% entre 2005 et 2015.
Ce cahier d’études est disponible sur le site internet de la BCL : www.bcl.lu.
Le contenu de cette étude ne doit pas être perçu comme étant représentatif des opinions de la Banque centrale du Luxembourg ou de l’Eurosystème. Les opinions exprimées reflètent celles des auteurs et non pas nécessairement la position de la Banque centrale, de ses dirigeants ou de l’Eurosystème.