Film sur les missions et activités de la BCL
Publication du Cahier d’études n° 167 : Local employment dynamics and commuting costs
Auteur: Julien PASCAL
En mars 2020, le Luxembourg est devenu le premier pays au monde à rendre gratuit l'usage des transports publics sur l’ensemble de son territoire. Cette réforme a pu avoir des conséquences sur la décision des travailleurs d’accepter une offre d’embauche, sur la décision des entreprises de créer des emplois, et donc sur la situation de l’emploi en général. Selon les modèles d’économie urbaine, les travailleurs demandent à être compensés pour leurs coûts de transport, ce qui pourrait donc se refléter dans les salaires et dans les décisions d’embauche des entreprises. D'autre part, la baisse du coût d’accès aux transports en commun pourrait inciter les travailleurs à choisir un autre mode de transport (voiture ou transports en commun), avec des conséquences sur les niveaux de pollution et de congestion du réseau routier.
Cette étude offre un nouvel éclairage sur ces questions en utilisant une réforme de la tarification des transports en commun pour la région Île-de-France. Avant septembre 2015, le prix du transport en commun dépendait de manière non linéaire de la distance au centre de Paris. La zone tarifaire centrale (Paris et ses communes limitrophes) bénéficiait du prix minimum. Les usagers venant des autres zones tarifaires, formant des zones concentriques autour de la zone tarifaire centrale, devaient payer des prix plus élevés. La réforme « Forfait Toutes Zones » de septembre 2015 a introduit un prix unique, aligné sur le prix de la zone centrale. Ce scénario permet de comparer l’évolution d’un groupe de contrôle pour lequel le prix n'a pas changé (la zone tarifaire centrale), à celle du groupe de traitement qui a bénéficié d'une baisse du prix (les zones tarifaires éloignées du centre).
L’analyse économétrique met en exergue trois résultats. Premièrement, la baisse du prix des transports en commun se traduit par une hausse de l’usage de ceux-ci pour les travailleurs vivant dans les zones bénéficiant de la réforme. Deuxièmement, l'augmentation de l’usage des transports en commun va de pair avec une diminution du chômage dans ces zones. Troisièmement, on assiste à une augmentation du prix de l’immobilier dans les zones bénéficiant de la réforme. L’approche empirique est complémentée par un modèle spatial du marché du travail, qui est calibré pour reproduire certaines statistiques de la région Île-de-France. Le modèle est capable de bien approximer la baisse du chômage et l’augmentation du prix de l’immobilier observées dans l’analyse empirique. Ce cadre analytique pourra être adapté pour des analyses futures de l'impact de réformes au Luxembourg. L'approche analytique publiée dans le Cahier 159 de la BCL, portant sur les choix de migration des travailleurs frontaliers, pourrait permettre de prendre en considération le rôle clé des travailleurs frontaliers dans l'économie luxembourgeoise.
Le contenu de cette étude ne doit pas être perçu comme étant représentatif des opinions de la Banque centrale du Luxembourg ou de l’Eurosystème. Les opinions exprimées reflètent celles des auteurs et non pas nécessairement la position de la Banque centrale, de ses dirigeants ou de l’Eurosystème.
Ce cahier d’études est disponible sur le site internet de la BCL : www.bcl.lu