Prince Henri Auditoire 02 BW

Publication du Cahier d’études n° 175: Consumer debt in Luxembourg and the euro area: evidence from the Household Finance and Consumption Survey

08.11.2023

Auteur: Giuseppe PULINA

En comparant les marchés immobiliers de la zone euro, une récente publication du FMI constate que le Luxembourg est le pays européen où la dette à la consommation est plus répandue parmi les ménages à faible revenu. La vulnérabilité financière est également plus élevée parmi le ménages plus modestes au Luxembourg, ce qui augmente le risque de défaut. Cette étude utilise les données de l'enquête HFCS sur le comportement financier et de consommation des ménages pour comparer la distribution de la dette à la consommation au Luxembourg et dans la zone euro.

Au Luxembourg, la dette à la consommation, détenue par 35 % des ménages, est plus commune que la dette hypothécaire (détenue par 31 % des ménages).  Plus de 13 % des ménages détiennent à la fois une dette hypothécaire et une dette à la consommation.  La principale composante de la dette à la consommation sont les prêts personnels, détenus par 26 % des ménages au Luxembourg et par 20 % dans la zone euro.  Le niveau moyen des prêts personnels est deux fois plus élevé au Luxembourg que dans la zone euro.  Parmi les 20 % des ménages les plus modestes, le niveau au Luxembourg est même trois fois plus élevée que dans la zone euro.  Cependant, ces différences sont en partie le reflet de la différence des revenus, qui sont plus élevés au Luxembourg, où les intérêts débiteurs liés à des prêts personnels peuvent aussi faire l'objet de déductions fiscales.  En moyenne, les prêts personnels représentent seulement 16 % du revenu brut du ménage au Luxembourg, ce qui est comparable à la zone euro (17 %).  De plus, au Luxembourg 70 % des ménages avancent l'achat d'un véhicule comme raison principale pour leur prêt personnel, raison citée par seulement 38 % des ménages en zone euro. Cette différence fournit encore une explication pour le niveau plus élevé des prêts personnels au Luxembourg.

 

Le niveau des prêts personnels est généralement plus élevé parmi les ménages ayant un niveau d'éducation plus avancé.  Cependant, en tenant compte des différentes caractéristiques du ménage, un niveau d'éducation plus avancé diminue la probabilité de détenir un prêt personnel. Par contre, cette probabilité augmente avec le niveau de revenu du ménage. Cela peut s'expliquer par le rôle joué par le revenu du ménage dans les décisions du prêteur (i) si accorder un crédit à ce ménage et (ii) à combien fixer le montant maximal. Donc, il n'est pas étonnant que la probabilité de détenir un prêt personnel est plus élevée parmi les ménages dont la personne de référence est un employé, plutôt qu'un travailleur indépendant ou une personne sans emploi.

Une deuxième composante de la dette à la consommation sont les cartes de crédit.  Au Luxembourg, près de 84 % des ménages possèdent des cartes de crédit, presque deux fois plus qu'en zone euro. Cependant, seulement 5 % des ménages utilise ces cartes pour accumuler de la dette, au Luxembourg comme dans la zone euro. En général, la probabilité de posséder une carte de crédit augmente avec le revenu du ménage et son niveau d'éducation. Cette probabilité augmente aussi parmi les ménages qui se considèrent soumis à des contraints de crédit (environ 7 % des ménages, que ce soit au Luxembourg, dans les pays voisins ou dans la zone euro). Les contraintes de crédit sont citées moins souvent par les ménages aux revenus plus élevés ou d'un âge plus avancé.

Selon les données HFCS de 2018, plus de 90 % des ménages avec de la dette accumulée sur leur carte de crédit avaient des soldes positifs sur leurs comptes bancaires. Plus de 70 % de ces ménages avaient suffisamment d'argent pour rembourser leur dette sur carte de crédit. Ce comportement semble irrationnel, si on compare le taux d'intérêt très élevé que les ménages payent quand ils accumulent de la dette sur leurs cartes de crédit aux faibles rendements qu'ils gagnent sur leurs comptes courants et d'épargne.  Les résultats indiquent que ce comportement peut s'expliquer par des différences dans l'aversion au risque et par des craintes d'un futur resserrement de leur accès au crédit.

 

Le contenu de cette étude ne doit pas être perçu comme étant représentatif des opinions de la Banque centrale du Luxembourg ou de l’Eurosystème. Les opinions exprimées reflètent celles des auteurs et non pas nécessairement la position de la Banque centrale, de ses dirigeants ou de l’Eurosystème.

Ce cahier d’études est disponible sur le site internet de la BCL : www.bcl.lu