Prince Henri Auditoire 02 BW

Publication du Cahier d’études n° 186 : On optimal subsidies for prevention and long-term care

17.06.2024

Auteurs: Pablo GARCIA SANCHEZ, Luca MARCHIORI et Olivier PIERRARD

Selon le dernier rapport sur le vieillissement publié par la Commission européenne, la hausse des coûts des soins de santé liés au vieillissement va fortement peser sur les dépenses publiques au Luxembourg. Ce défi pour la soutenabilité des finances publiques pourrait augmenter le rendement que les marchés exigent pour la dette souveraine et donc compliquer la transmission de la politique monétaire.

Si les coûts de la santé augmentent avec l'âge, il est cependant possible d'investir pendant la jeunesse dans des soins de santé préventifs (tels que le dépistage médical, l'immunisation, une alimentation saine, mais aussi la réadaptation et les traitements). En effet, de tels investissements peuvent ralentir la détérioration de la santé et réduire la fragilité des personnes âgées, et donc contenir les coûts de leurs soins de santé. Cependant, les mesures préventives peuvent également contribuer à une espérance de vie plus longue et donc à des dépenses totales de santé supplémentaires. En tenant compte de ces deux canaux de transmission (fragilité et longévité), nous déterminons le niveau optimal de prévention. Comme ce niveau ne peut pas être atteint sans l'intervention de l'Etat, nous caractérisons la politique de santé nécessaire pour rétablir cet équilibre optimal et nous démontrons comment elle interagit avec d'autres caractéristiques de l'économie.

À cette fin, nous modélisons une économie d'équilibre général à générations imbriquées dans laquelle les agents vivent deux périodes. Dans ce modèle, les investissements en santé préventive sont uniquement possibles dans la première période (jeunesse). Comme le nombre total de personnes dépendantes résulte de la combinaison de la longévité et de la fragilité, l'effet de l'investissement en santé sur la dépendance (et ses coûts associés) est a priori ambigu.

Par ailleurs, en raison de la structure des générations imbriquées, quand un individu choisit librement son niveau d'investissement en santé, ce choix a un effet sur les autres individus (externalités). Plus précisément, la génération plus jeune, qui porte le poids financier des pensions et des coûts de dépendance, est directement influencée par les décisions de santé de la génération précédente. Par conséquent, sans intervention de l'Etat, l'équilibre qui résulte est sous-optimal. Néanmoins, sous certaines conditions, il existe une politique de santé qui permet d'atteindre l'équilibre ‘optimal'.

Dans le cadre de notre modèle, nous supposons que le gouvernement peut manipuler deux instruments de politique de santé : le prix relatif de l'investissement en santé (par le biais de subventions à la prévention) et le prix relatif des coûts de dépendance (par le biais de subventions aux soins).

Nous montrons que la subvention optimale aux soins doit être plus importante que la subvention optimale à la prévention, et que les deux subventions sont inversement proportionnelles à la générosité du système de pension. Nous explorons la robustesse de nos résultats à travers diverses extensions et démontrons leur cohérence avec plusieurs tendances observées dans les données de l'OCDE.

Le contenu de cette étude ne doit pas être perçu comme étant représentatif des opinions de la Banque centrale du Luxembourg ou de l’Eurosystème. Les opinions exprimées reflètent celles des auteurs et non pas nécessairement la position de la Banque centrale, de ses dirigeants ou de l’Eurosystème.

Ce cahier d’études est disponible sur le site internet de la BCL : www.bcl.lu