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Publication du Cahier d’études n° 188 : The Cross border Household Finance and Consumption Survey: Results from the fourth wave in 2021
Auteurs: Thomas Y. MATHÄ, Giuseppe PULINA, Ana MONTES-VIÑAS et Michael ZIEGELMEYER
Ce rapport résume les principaux résultats de l'Enquête sur le comportement financier et de consommation des ménages des travailleurs frontaliers (XB-HFCS) conduite en 2021. Au Luxembourg, les travailleurs frontaliers représentent environ 45 % de l'emploi total et contribuent de manière significative à l'économie, que ce soit en termes de production, de consommation ou de recettes fiscales. Puisque les travailleurs frontaliers ne sont couverts que de manière lacunaire par les statistiques officielles, la BCL collecte régulièrement des informations détaillées sur leurs actifs, leurs passifs, leurs revenus et leur consommation, ainsi que des variables économiques et démographiques liées. L’enquête des ménages des travailleurs frontaliers est explicitement conçue pour permettre des comparaisons avec l'enquête analogue auprès des ménages résidents au Luxembourg (LU-HFCS).
L’édition de 2021 repose sur un échantillon représentatif de presque 2 000 ménages résidant dans la Grande Région autour du Grand-Duché. Les résultats sont pondérés pour représenter tous les ménages des travailleurs frontaliers. Les comparaisons avec les résultats des éditions antérieures de l'enquête doivent intégrer que, pour chaque édition, l’échantillon est sélectionné pour être représentatif de l'année en question, et que les ménages sélectionnés diffèrent généralement d'une édition à l'autre. Il faut également tenir compte de la croissance rapide du nombre de travailleurs frontaliers, qui a augmenté plus de 10 % entre 2018 et 2021.
Depuis que ces données ont été récoltées en 2021, le patrimoine et la dette des ménages ont subi la hausse rapide de l'inflation et celle des taux d'intérêt qu’elle a provoquée. L'impact de ces développements sur les finances des ménages sera analysé avec les données de la prochaine édition de l’enquête, qui a été conduite à la fin de 2023.
Changements méthodologiques
En 2021, pour la première fois, l’enquête auprès des ménages des travailleurs frontaliers (XB-HFCS) et celle auprès des ménages résidents (LU-HFCS) partagent le même questionnaire, la même méthode d'enquête (par internet) et la même période de collecte des données. De plus, le traitement des données et l'imputation des réponses manquantes ont été effectués en combinant les deux enquêtes. De plus, des règles d'anonymisation identiques ont été appliquées.
Effet de la pandémie de COVID-19 sur le revenu, la consommation et l'épargne des ménages
Dans l'ensemble, les effets économiques de la pandémie de COVID-19 ont touché les travailleurs frontaliers autant que travailleurs résidents. Toutefois, certains secteurs ont été plus durement touchés que d'autres. Les différences entre type d'emploi, compétences et secteur d’emploi peuvent largement expliquer les différents effets entre travailleurs résidents frontaliers. En général, les ménages des travailleurs frontaliers ont moins souffert des effets économiques de la pandémie que les ménages travaillant dans leur pays de résidence.
Pendant la pandémie, les dépenses de consommation ont diminué parmi les ménages des travailleurs résidents, comme parmi les ménages des travailleurs frontaliers. Les frontaliers provenant d’Allemagne ont enregistré la plus forte baisse de consommation, mais aussi la plus forte augmentation de revenu. Par conséquent, la part qui a déclaré une hausse de l’épargne a été plus élevée que parmi les travailleurs résidant au Luxembourg.
Principales caractéristiques structurelles
Les travailleurs frontaliers interrogés en 2021 vivaient principalement dans leur pays de naissance, la plupart avec un partenaire. En général, ils avaient atteint un niveau élevé d'éducation et étaient employés avec un contrat permanent. Par rapport aux travailleurs résidant au Luxembourg, les travailleurs frontaliers étaient légèrement plus jeunes (en moyenne 41 ans) et mieux éduqués. Près de 60 % des travailleurs frontaliers ont terminé des études de niveau tertiaire, contre seulement 52 % des travailleurs résidents, un écart qui s'est accru depuis 2018. Seulement 10 % des travailleurs frontaliers étaient employés dans le secteur public, contre 27 % des travailleurs résidents. Comme en 2018 et 2014, les travailleurs frontaliers étaient surtout employés dans i) le commerce, le transport et l'hébergement, ii) l'industrie, y compris l'énergie, et iii) activités financières et d'assurance. En 2018, la voiture privée était toujours le principal moyen de transport pour se rendre au travail au Luxembourg. Le temps de trajet moyen (aller simple) était de 50 minutes en 2021, une diminution de 2 minutes par rapport à 2018.
Patrimoine net des ménages
La valeur médiane du patrimoine net des ménages des travailleurs frontaliers était de 291 000 euros en 2021. Pour ceux venant de Belgique (345 000 euros) et d'Allemagne (327 000 euros), elle était nettement plus élevée que pour ceux qui viennent de France (250 000 euros). Si cette valeur était presque deux fois plus élevée pour les ménages des travailleurs résidents (561 000 euros), le patrimoine net des frontaliers était nettement plus élevé que celui des ménages travaillant dans leur pays de résidence. Cette différence reflète des revenus et des taux de propriété plus élevés parmi les travailleurs frontaliers que parmi les ménages travaillant dans leur pays de résidence. Entre 2018 et 2021, le patrimoine net a augmenté dans presque tous les quintiles de la distribution du patrimoine, quelle que soit le pays des travailleurs frontaliers. Les différences entre les travailleurs frontaliers et les travailleurs résidents au Luxembourg augmentent sensiblement à des niveaux plus élevés du patrimoine.
Actifs bruts des ménages
Les actifs réels (objets de valeur, véhicules, activités indépendantes, immobilier) sont restés la composante la plus importante pour tous les groupes de ménages. Parmi les travailleurs frontaliers, la part qui était propriétaire de sa résidence principale a diminué depuis 2018. Elle était plus élevée pour ceux venant de Belgique (76 %) que pour ceux venant de France (68 %) ou d'Allemagne (64 %). En revanche, pour les travailleurs résidents, cette part (64 %) n'a guère changé depuis 2018, mais un écart subsiste entre ceux de naissance étrangère (51 %) et ceux de naissance luxembourgeoise (83 %). La réduction du taux de propriété parmi les travailleurs frontaliers est liée à des changements dans la structure de cette population. En 2021, elle contenait plus de ménages célibataires, qui sont moins susceptibles d'être propriétaires. Le taux de propriété a diminué quelque peu pour les ménages célibataires comme pour les couples. Néanmoins, les travailleurs frontaliers sont toujours plus susceptibles d'être propriétaires que les ménages travaillant dans leurs leur pays de résidence.
Parmi les actifs financiers, les dépôts bancaires étaient le plus courant pour tous les groupes de ménages. Par rapport à 2018, la part détenant des actifs risqués (actions et fonds communs de placement) a augmenté sensiblement dans tous les groupes de ménages, qu'il s'agisse de travailleurs frontaliers ou de résidents nés au Luxembourg ou à l’étranger. Cela est probablement lié au niveau faible des taux d'intérêt jusqu'en mi-2022. Comme en 2018, les actifs risqués étaient plus fréquents parmi les ménages des travailleurs frontaliers venant d'Allemagne et moins fréquents chez ceux venant de France.
Dettes des ménages
Parmi les ménages de tous ceux qui travaillaient au Luxembourg en 2021, la dette était plus fréquente qu’en moyenne dans la zone euro (43 %). Parmi les travailleurs résidents, 64 % détenaient des dettes. Parmi les travailleurs frontaliers, cette part était de 56 % pour ceux venant de France ou d’Allemagne et 70 % pour ceux venant de Belgique. En ce qui concerne le type de dette, presque 37 % des travailleurs frontaliers détenaient une dette hypothécaire et 36 % détenaient une dette non hypothécaire. Parmi les travailleurs résidents, 41 % détenaient une dette hypothécaire et 40 % détenaient une dette non hypothécaire. La dette hypothécaire représentait de 72 % à 78 % de la dette totale pour les travailleurs frontaliers et les travailleurs résidents nés à l'étranger et 89 % pour ceux nés au Luxembourg.
Revenu brut des ménages
La valeur médiane du revenu brut des ménages des travailleurs frontaliers était d'environ
70 000 euros en 2021. Elle était plus faible pour les travailleurs frontaliers venant de France (60 800 euros) et plus élevée pour ceux venant de Belgique (79 400 euros) ou d'Allemagne (79 500 euros). La valeur médiane du revenu brut des travailleurs résidant au Luxembourg était de 93 100 euros. En général, le revenu brut a augmenté entre 2018 et 2021 dans tous les quintiles de la distribution du revenu.
Le contenu de cette étude ne doit pas être perçu comme étant représentatif des opinions de la Banque centrale du Luxembourg ou de l’Eurosystème. Les opinions exprimées reflètent celles des auteurs et non pas nécessairement la position de la Banque centrale, de ses dirigeants ou de l’Eurosystème.
Ce cahier d’études est disponible sur le site internet de la BCL : www.bcl.lu