Prince Henri Auditoire 02 BW

Publication du Cahier d’études n° 189 : Healthy aging and capital accumulation

13.09.2024

Auteurs: Pablo Garcia-Sanchez, Luca Marchiori et Olivier Pierrard

Le souhait de tous est de vivre longtemps et en bonne santé. C’est pourquoi de nombreux gouvernements consacrent des ressources importantes à améliorer la santé publique. Cependant, le vieillissement de la population risque d’augmenter ces dépenses publiques et de mettre à rude épreuve les finances publiques (voir le dernier rapport sur le vieillissement publié par la Commission européenne). Il est dès lors important de comprendre les répercussions économiques des dépenses publiques de santé. Une possible détérioration de l’état des finances publiques pourrait augmenter le rendement des obligations souveraines exigé par les marchés et, par conséquent, affecter la transmission de la politique monétaire.

Parmi les principales composantes des dépenses de l’Etat pour la santé, on distingue l’investissement dans la santé (comme le dépistage médical, l’immunisation, la réadaptation et les traitements, ...) et les soins pour les personnes dépendantes (“assurance dépendance”). Alors que les soins pour les personnes âgées, qui deviennent dépendantes, sont généralement considérés uniquement comme un coût, les investissements publics dans la santé des jeunes peuvent avoir des bienfaits pour la société, comme l’augmentation de la longévité et la réduction de la fragilité des personnes âgées. Nous nous concentrons sur ces deux effets, qui contribuent au vieillissement en bonne santé (healthy aging).1 Cet aspect des politiques liées au vieillissement est moins étudié, alors que d’autres effets de l’investissement dans la santé sont examinés dans la littérature connexe (p.ex. sur la productivité du travail).

Dans cet article, nous étudions donc les implications macro-économiques de l’investissement public dans la santé à travers ses effets sur la longévité et la fragilité. En particulier, nous considérons la combinaison de ces deux effets liés à la santé sur l’accumulation de capital dans un modèle d’équilibre général à générations imbriquées. Cette approche nous distingue des études qui privilégient un cadre d’équilibre partiel et/ou étudient les effets liés à la santé de manière séparée.

Nous identifions trois canaux par lesquels l’investissement public dans la santé affecte l’accumulation de capital. Premièrement, le coût de l’investissement public dans la santé est généralement financé par les impôts, ce qui diminue le revenu disponible des ménages et leur capacité l’épargne (canal coût). Deuxièmement, l’augmentation de la longévité stimule l’épargne, car les ménages sont incités à épargner plus pour faire face à une vieillesse plus longue (canal longévité). Troisièmement, la réduction de la fragilité diminue le besoin de soins pour personnes dépendantes et donc le besoin d’épargner pour subvenir à ces dépenses (canal fragilité).

Nous dérivons analytiquement l’impact de l’investissement public dans la santé sur l’épargne et l’accumulation de capital, avant de calibrer notre modèle sur les données de la zone euro, afin de comparer l’importance des trois canaux de transmission. Notre principale conclusion est que l’investissement public dans la santé, bien que coûteux, peut stimuler l’accumulation de capital et donc la croissance même dans un modèle sans lien direct entre santé et productivité.

Le contenu de cette étude ne doit pas être perçu comme étant représentatif des opinions de la Banque centrale du Luxembourg ou de l’Eurosystème. Les opinions exprimées reflètent celles des auteurs et non pas nécessairement la position de la Banque centrale, de ses dirigeants ou de l’Eurosystème.

Ce cahier d’études est disponible sur le site internet de la BCL : www.bcl.lu