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Publication du Cahier d’études n° 193 - Assessing consumer CBDC adoption in Luxembourg: a micro-simulation approach
Auteur: Gaston Giordana
En octobre 2023, la Banque centrale européenne (BCE) et les banques centrales nationales de la zone euro ont lancé la phase préparatoire de l’euro numérique en vue d’une émission éventuelle. L’euro numérique serait un moyen de paiement électronique mis gratuitement à la disposition de tous, comme les espèces aujourd’hui. Il s’agirait d’une monnaie numérique de banque centrale (en anglais central bank digital currency ou CBDC) qui bénéficiera du statut de cours légal, contrairement à la monnaie des banques commerciales (c’est-à-dire, les dépôts bancaires avec des moyens de paiement attachés: cartes de débit, cartes de crédit, etc.).
Cette étude évalue la demande au Luxembourg pour une CBDC en tant que moyen de paiement. Nous appliquons des techniques de micro-simulation pour estimer le taux d’adoption de la CBDC à partir d’un modèle théorique du choix des consommateurs entre différents moyens de paiement (espèces, cartes de d´débit et de crédit) en tenant compte des caractéristiques des différents moyens de paiement (par exemple, le coût, la sécurité, l’acceptation par les commerçants) et les préférences des consommateurs pour les versions numériques de certains biens et services.
En utilisant les données pour le Luxembourg de l’étude SPACE sur les attitudes de paiement des consommateurs dans la zone euro, nous estimons les préférences digitales individuelles et les combinons avec les choix de méthodes de paiement déclarées par les consommateurs pour classer ces derniers en quatre types. Etant donné que chaque type a une propension différente à adopter une CBDC, nous simulons l’adoption individuelle et déduisons l’impact agrégé sous différentes hypothèses quant à la mise en place de la CBDC.
Selon nos estimations, 1 % des consommateurs paient uniquement par espèces, 22 % préfèrent payer par espèces mais utilisent également les paiements numériques, 28 % préfèrent les paiements numériques mais utilisent aussi les espèces et 49 % utilisent exclusivement les paiements numériques. Les consommateurs qui n’utilisent que des espèces sont généralement des femmes, ont entre 45 et 75 ans, déclarent qu’ils habitent des zones rurales et participent plus rarement au marché du travail.
Selon nos résultats théoriques, si la CBDC est acceptée par les commerçants, alors les consommateurs qui préfèrent les paiements numériques utiliseront la CBDC `a la place des espèces. Cependant, le taux d’adoption parmi les autres types de consommateur pourrait aussi dépendre des caractéristiques opérationnelles de la CBDC, de son coût, de sa sécurité et de la part des paiements qu’ils effectuent par des cartes de crédit. Nous considérons des scénarios avec différents paramétrages de ces conditions. Dans le scénario débit en cascade, le portefeuille CBDC peut se réapprovisionner automatiquement en débitant un compte de paiement associé (par exemple, un compte courant chez une banque). Dans ce cas, une transaction en CBDC sera toujours possible à condition qu’il y ait assez de fonds sur le compte de paiement associé. Dans ce scénario, si le réapprovisionnement du portefeuille est possible sans coût, alors les consommateurs au Luxembourg effectueraient 24 % de la valeur totale de leurs paiements en CBDC. Par contre, si le réapprovisionnement du portefeuille devient coûteux et le montant dans le portefeuille CBDC est limité à 3 000 euros, alors seulement 5 à 15 % de la valeur totale des paiements serait exécuté en CBDC.
Dans le scénario crédit en cascade, un portefeuille CBDC qui ne contient pas assez de fonds pour exécuter un paiement pourrait également se réapprovisionner automatiquement par du crédit (y compris par les cartes de crédit standard appartenant au consommateur). Dans ce scénario, si le réapprovisionnement du portefeuille est possible sans coût, alors les consommateurs au Luxembourg effectueraient 92 % de la valeur totale de leurs paiements en CBDC. Si le réapprovisionnement du portefeuille devient coûteux et le montant dans le portefeuille CBDC est limité à 3 000 euros, alors la part des paiements exécutés avec la CBDC se situe dans l’intervalle entre 16 % et 48 %.
Bien que notre analyse se concentre sur la demande de CBDC au Luxembourg, des travaux futurs envisagent l’extension à d’autres pays de la zone euro ainsi que l’analyse de la demande de CBDC en tant que réserve de valeur.
Le contenu de cette étude ne doit pas être perçu comme étant représentatif des opinions de la Banque centrale du Luxembourg ou de l’Eurosystème. Les opinions exprimées reflètent celles des auteurs et non pas nécessairement la position de la Banque centrale, de ses dirigeants ou de l’Eurosystème.
Ce cahier d’études est disponible sur le site internet de la BCL : www.bcl.lu