Prince Henri Auditoire 02 BW

Commuters, residents and job competition in Luxembourg

25.05.2007

Ces dernières années, malgré une croissance continue de l'emploi, le taux de chômage luxembourgeois a augmenté de façon tendancielle, passant de 2 % en 2000 à presque 5 % actuellement. Ce phénomène a priori contradictoire a pour toile de fond le fait que sur les quelques 300 000 emplois existants au Luxembourg, environ 40 % sont occupés par des frontaliers. Ce pourcentage est de surcroît encore en augmentation, puisque les entrées de travailleurs frontaliers représentent actuellement près de 70 % des nouvelles créations nettes d'emplois. Ces observations soulèvent au moins deux questions. L'arrivée massive de travailleurs frontaliers peut-elle expliquer à elle seule la détérioration du chômage des résidents? Et quelles politiques économiques faudrait-il mettre en oeuvre pour réduire le chômage tout en préservant le fort taux de création d'emplois?

 Pour tenter de répondre à ces questions, ce papier propose un modèle théorique du marché du travail basé sur le modèle d'appariement de Pissarides. L'utilisation d'une fonction d'appariement (matching function) entre demandeurs et offreurs d'emplois est une façon simple de prendre en compte l'existence de frictions, les difficultés d'appariement et les problèmes de coordinations liés au déficit d'information. Cette représentation du marché du travail est courante dans la littérature économique et particulièrement adaptée à la simulation de diverses politiques économiques. Une distinction entre résidents et frontaliers, et entre emplois privés et emplois publics est de plus introduite pour mieux faire coller le modèle à la réalité du marché du travail luxembourgeois. En outre, le modèle est calibré sur données luxembourgeoises.

 Les principaux résultats sont les suivants. Premièrement, une augmentation du nombre de frontaliers ne peut à elle seule expliquer la hausse du chômage au Luxembourg. Deuxièmement, une augmentation du nombre de frontaliers combinée à une augmentation de la population active peut expliquer la hausse conjointe de l'emploi et du chômage, ainsi que l'augmentation de la part des frontaliers dans l'emploi total. Troisièmement, une augmentation du volume de l'emploi public ou l'introduction de politiques protectionnistes n'est pas efficace pour réduire le chômage. Quatrièmement, une diminution du montant des allocations de chômage réduit le chômage mais a des effets ambigus sur le bien-être de la population domestique. Enfin, le meilleur moyen de stimuler l'emploi et les revenus tout en diminuant le chômage est une augmentation de la productivité globale de l'économie.

Ce papier est une première tentative de modélisation et de compréhension du marché du travail luxembourgeois. Au moins deux extensions devraient être considérées à l'occasion de travaux futurs. D’abord la problématique de l'immigration est à aborder, ceci de manière simplifiée, via un choc exogène sur la population active. Cette problématique est importante et loin d'être neutre pour le marché du travail. Rendre endogène la décision d'immigration, tout en gardant également endogène le nombre de travailleurs transfrontaliers, rendrait le modèle plus ‘élégant’ et permettrait probablement d'avoir une compréhension plus fine des flux de main-d'oeuvre sur le marché du travail. Deuxièmement, une autre explication à la hausse du chômage est l'inadéquation entre qualifications demandées et qualifications offertes. cela nécessiterait d’étudier l'introduction d'au minimum deux types d'emplois (qualifiés et peu qualifiés) et deux types de travailleurs (qualifiés et peu qualifiés).

Le Cahier d’Etudes No. 26 de la BCL peut être téléchargé sur le site Internet de la BCL www.bcl.lu ou obtenu dans la limite du stock disponible sur simple demande adressée à la Banque centrale du Luxembourg, Secrétariat général, Section Communication.