Film about the BCL's missions and tasks
Vœux du Président pour 2010
Après l’extrême fragilisation de l’économie mondiale observée durant les derniers mois de 2008, les signes d’une reprise sont apparus fin de l’année 2009; en 2010, l’économie de la zone euro devrait continuer son expansion mais la reprise s’annonce modérée et précaire. Pour le Luxembourg, la croissance sera, selon les projections de la BCL, de l’ordre de 1,4% à 2,4% en 2010.
Le chômage s’accroît, les finances publiques se dégradent. L’effet de la crise sur la croissance se fera sentir pendant des années. La BCL estime le déficit de croissance par rapport à la croissance tendancielle à 15% pour la période de 2008 à 2011.
Plus que jamais, des mesures structurelles s’imposent pour que notre économie particulièrement ouverte et dépendante de l’environnement international retrouve son dynamisme et sa compétitivité.
La BCL prévoit un déficit public de l’ordre de 5 % du Produit intérieur brut (PIB) en 2010. Aussi bien les recettes que les dépenses de l’Etat sont affectées par la crise, mais dans l’ordre inverse. La situation budgétaire fondamentale du Luxembourg paraît compromise. Des déficits élevés devraient alimenter un accroissement de la dette qui selon les projections de la Banque pourrait excéder 60 % du PIB dès 2019.
Faut-il dire que notre pays ne peut se permettre un tel niveau de dette ? La situation est d’autant plus grave qu’au déficit des administrations centrales, s’ajoute l’impact à moyen terme du vieillissement démographique sur les dépenses publiques. Les substantiels déficits seront dans une large mesure de nature structurelle. En d’autres termes, il serait vain d’escompter une réduction importante du déficit à la faveur de la prochaine reprise économique.
Depuis des années, la Banque centrale plaide pour l’adoption de réformes structurelles notamment dans le domaine des pensions et d’assurance maladie maternité. La mise en œuvre de normes de croissance des dépenses plus strictes que les normes actuellement appliquées constitue une pierre angulaire pour une stratégie de sortie de crise. Une politique budgétaire insuffisamment rigoureuse porte préjudice à la croissance économique et à l’emploi, tout en altérant la stabilité économique. Dans le cadre d’une Union monétaire, le respect des règles en matière de déficit public est une obligation essentielle pour les Etats participants. Les règles du Traité de Maastricht à cet égard ont été reprises dans le Traité de Lisbonne qui vient heureusement d’entrer en vigueur. Des normes budgétaires précises et transparentes fournissent en outre un point d’ancrage aux anticipations des agents économiques ce qui facilite la planification de leurs décisions de consommation et d’investissement. Une stratégie budgétaire à moyen terme assise sur des normes budgétaires programmées est nettement préférable à une succession de décisions discrétionnaires.
La place financière luxembourgeoise a été sérieusement affectée par la crise. Ce n’est que la conséquence logique de sa participation à une économie ouverte en cours de globalisation. C’est là encore un défi à relever. La place financière a connu d’autres défis dans les années 1970 et 1980. Elle a trouvé à chaque fois des parades avec à la clé des avantages accrus pour l’économie nationale. Cette fois-ci, les menaces ne résultent pas seulement de la géographie politique, mais du secteur financier dans sa globalité. La réponse à la crise est une diminution de la prise de risque au sein du secteur financier, une re-concentration sur l’économie réelle. Ceci implique un frein à la croissance des services financiers et par conséquent un secteur financier à profitabilité plus en ligne avec celle des autres secteurs de l’économie.
La forte croissance économique du Luxembourg tirée de sa dépendance au secteur dont la productivité dépassait de loin les autres secteurs, risque d’appartenir au passé. Le nouveau contexte de contrôle de l’innovation et de réglementation accrue, s’il est justifié par des impératifs de stabilité, pourrait rendre le secteur financier moins performant. Le secteur financier fera l’objet dès 2010 de modifications du régime de réglementation et de supervision. Au sein des groupes bancaires et financiers, les restructurations et réorganisations seront elles aussi à l’ordre du jour. Chaque changement structurel comporte des opportunités pour la Place, soit en tant que « first mover » en cas d’adaptation à la future réglementation, soit en tant que « joueur de niche ». Sommes-nous toujours suffisamment flexibles ? Il faut l’espérer mais avec la nouvelle gouvernance mondiale (G20, Financial Stability Board, FMI, …) force est de constater que nous sommes éloignés des lieux de préparation des décisions publiques. Quant aux lieux de décisions privées dont nous sommes éloignés depuis longtemps, il va falloir poursuivre nos efforts de démarchage afin que les avantages de la Place continuent à être pris en considération selon les mérites et les conditions d’environnement que ce pays voudra continuer à offrir aux investisseurs étrangers.
Par ailleurs, il faut continuer à approfondir l’accumulation des compétences professionnelles locales et assurer le savoir apporté de l’étranger pour remonter la chaîne de valeur dans les produits de marché où le Luxembourg jouit d’avantages compétitifs (asset management, banque privée …)
Enfin, le développement des infrastructures doit être maintenu à un niveau élevé. Je n’entends pas seulement les infrastructures physiques (réseaux publics) mais encore une surveillance performante et reconnue à l’étranger. Cette remarque s’applique aussi aux infrastructures du secteur financier comme les bourses, les systèmes de règlement de titres, de gestion des garanties, d’émission de valeurs mobilières et de produits structurés.
Le renforcement du cadre institutionnel européen et national offre aussi l’occasion d’adapter le modèle de gouvernance publique luxembourgeoise.
C’est dans ce contexte d’effort et d’espoir que je tiens à exprimer mes meilleurs vœux à toutes et à tous.
SEASON’S GREETINGS - THE MESSAGE OF THE GOVERNOR OF THE BANQUE CENTRALE DU LUXEMBOURG FOR 2010
My message for 2010 is to a large extent influenced by the challenges which we will have to face as a result of the crisis which marked 2009.
After the extreme weakening of the world economy observed in the final months of 2008, some signs of a recovery appeared towards the end of 2009. In 2010, the economy of the euro area should continue to expand, albeit at a moderate rate and the recovery is likely to be precarious. For Luxembourg, growth will, according to the Central Bank‘s projections, be of the order of 1.4% to 2.4% in 2010.
In Luxembourg unemployment increases while public finances deteriorate. Moreover, the crisis will have an impact on economic growth over a period of several years. For the 2008-2011 period, the BCL estimates that growth will be 15% less than normally projected by Luxembourg’s long term growth rate.
More than ever, structural measures need to be implemented so that Luxembourg’s economy, which is extremely open and dependent, also, on the international environment, can recover its dynamism and competitiveness.
For 2010, the BCL forecasts a public deficit equivalent to 5% of GDP as expenditure and revenues evolve in opposite directions as a result of the crisis. Luxembourg’s fundamental fiscal position seems undermined. Important deficits are likely to boost an increase in indebtedness which, according to Bank projections, could exceed 60% of GDP by 2019.
Does it need mentioning that Luxembourg cannot afford such a high level of indebtedness? The situation is all the more serious as the deficit of the central administrations will be compounded in the medium term by the ageing of the population. The resulting substantial deficits will to a large extent be of a structural nature. Hence it will be pointless to expect a marked improvement during the economic recovery that is awaited.
A fiscal medium-term strategy based on planned budgetary rules is clearly to be preferred over a succession of ad hoc decisions.
The Luxembourg financial centre has been seriously affected by the crisis. This is the logical consequence of its integration into an open, globalised economy and represents one more challenge to be met. The financial centre was also confronted by serious challenges in the seventies and eighties. Both times it managed to come up with solutions which eventually benefited the entire economy. This time threats to the financial centre do not only ensue from political geography, but also from the world financial sector as a whole. The response to the crisis is a reduction of risk-taking in the financial sector and a renewed focus on the real economy. This may well result in reduced growth opportunities for financial services and in consequence in a financial sector where profitability will be more in line with the profitability prevailing in other sectors of the economy.
The strengthening of the European and the national institutional framework will also provide an opportunity for adjusting the Luxembourg model of public governance.
Yves Mersch