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Is foreign-bank efficiency in financial centers driven by home-country characteristics?
En tant que centre financier international, le Luxembourg est caractérisé par une forte présence de filiales et succursales de banques étrangères. Cet article cherche à établir si les conditions économiques et/ou le cadre réglementaire du pays d’origine peuvent influencer l’efficacité des banques au Luxembourg. Dans un premier temps, la méthode DEA (Data Envelopment Analysis) est appliquée aux banques luxembourgeoises entre 1999 et 2009 pour évaluer leur efficacité, en comparant chaque institution à l’ensemble des banques positionnées sur la frontière efficace. Dans une seconde étape, le degré d’efficacité de chaque banque est expliqué par différents facteurs, qu’ils soient spécifiques à la banque individuelle ou aux conditions économiques ou réglementaires dans son pays d’origine.
Afin de tenir compte de l’hétérogénéité des banques, la première étape (évaluation de l’efficacité) est effectuée par groupe à l’intérieur de l’échantillon. Ceci permet une comparaison en trois dimensions: (i) la forme organisationnelle, (ii) le degré de diversification des actifs et (iii) le risque de change (zone euro vs. non-euro). La mise en œuvre de la DEA suit l’approche « intermédiation » en retenant quatre produits (créances interbancaires, créances sur la clientèle, obligations, revenu net des commissions) et quatre facteurs de production (emploi, actifs corporels, dépôts interbancaires, dépôts de la clientèle).
Lors de la deuxième étape, les déterminants de l’efficacité sont analysés par rapport à deux types de variables : celles relatives à la banque individuelle (taille de l’actif, indicateur de risque, diversification de l’actif, forme légale) et celles relatives au pays d’origine de la banque (conditions économiques ou réglementaires). Une distinction est nécessaire entre les banques « étrangères » présentes au Luxembourg, sujettes à la supervision dans leur pays d’accueil (pays hôte) et celles soumises à l’autorité de supervision de leur pays d’origine.
Les conditions économiques dans le pays d’origine sont captées par le cycle économique (mesuré par le filtre Hodrick-Prescott), ainsi que par le niveau du PIB par tête, le secteur bancaire étant généralement plus efficace dans les pays plus développés. Les conditions réglementaires sont mesurées par des données compilées pour chaque pays par la Banque mondiale. Ces variables correspondent aux trois piliers prévus par les accords de Bâle II (exigences minimales de fonds propres, processus de surveillance prudentielle et discipline de marché). Ainsi, ces indicateurs mesurent (i) le ratio de fonds propres dans le pays d’origine, (ii) le pouvoir disciplinaire du superviseur en termes d’actions spécifiques qu’il peut entreprendre par rapport aux cadres, directeurs, actionnaires, et/ou reviseurs d’une banque et (iii) les obligations de transparence liées à la publication d’informations financières et l’existence d’éventuelles incitations au contrôle privé. Une variable additionnelle capte d’éventuelles restrictions dans le pays d’origine concernant les activités bancaires liées aux titres, l’assurance, les biens immobiliers, et les participations en entreprises non-financières. Chacun de ces indicateurs est un facteur potentiel pouvant expliquer les différences entre le niveau d’efficacité des banques étrangères établies au Luxembourg.
Les résultats de la première étape indiquent que le groupe des succursales au Luxembourg est plus efficace que le groupe des filiales. Cependant, en moyenne, aussi bien les succursales que les filiales ont la possibilité d’augmenter significativement leur efficacité, en se rapprochant de la frontière efficace. Deuxièmement, en moyenne, les banques avec des actifs plus diversifiés sont significativement plus efficaces que les banques dont le portefeuille d’actifs est plus concentré. Enfin, le groupe de banques originaires de pays membres de la zone euro est significativement plus efficace que le groupe de banques originaires d’un pays à l’extérieur de la zone euro.
La deuxième étape, qui tient compte de l’impact simultané de plusieurs caractéristiques, établit qu’un ratio de fonds propres plus élevé peut conduire à une amélioration de l’efficacité, mais l’effet n’est pas statistiquement significatif. En revanche, un plus grand pouvoir disciplinaire des superviseurs, ou des obligations de transparence plus contraignantes dans le pays d’origine, ne semblent pas améliorer l’efficacité des banques au Luxembourg. Des restrictions sur les activités bancaires dans les pays d’origine ont un impact négatif et statistiquement significatif sur l’efficacité bancaire, comme trouvé par d’autres auteurs. Or, l’impact sur l’efficacité bancaire d’une régulation/supervision plus rigoureuse n’est pas déterminé a priori par la théorie économique. Selon la vision « intérêt public » une régulation plus rigoureuse permet d’augmenter l’efficacité parce qu’elle remédie à des défaillances du marché. En revanche, la vision « intérêt privé » maintien le contraire, en argumentant que le superviseur ne détient pas suffisamment d’informations pour contrer la défaillance du marché et qu’une régulation plus exigeante ne fait qu’augmenter les coûts. Ceci constitue une barrière à l’entrée supplémentaire qui peut favoriser des comportements anti-compétitifs susceptibles de réduire l’efficacité bancaire. Nos résultats sont plus en accord avec la littérature « intérêt privé », étant donné qu’une supervision plus lourde et des obligations de transparence plus contraignantes dans le pays d’origine tendent à réduire l’efficacité bancaire dans notre échantillon. Par rapport à d’autres études déjà publiées, cet article est le premier à identifier explicitement le cadre réglementaire pour chaque banque, en distinguant entre différentes formes organisationnelles. D’ailleurs, ceci peut expliquer pourquoi la différence entre filiales et succursales n’est plus statistiquement significative une fois prises en compte d’autres caractéristiques plus importantes liées au cadre réglementaire.
Finalement, les conditions économiques dans le pays d’origine n’ont que peu d’impact sur l’efficacité des banques au Luxembourg, ce qui semble indiquer que les banques multinationales s’établissent au Luxembourg afin de pouvoir profiter de nouvelles opportunités offertes par la place financière. Les résultats ne sont pas en accord avec l’hypothèse d’une simple délocalisation de certaines fonctions qui continuent à dépendre des fluctuations d’activité dans le pays d’origine.
Le cahier d’études peut être téléchargé sur le site de la BCL www.bcl.lu.