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Publication du Cahier d’études n°83: News Shocks, Real Exchange Rates and International Co-Movements
La théorie du cycle économique réel (en anglais "real business cycle" ou RBC) prend ses origines dans les travaux de Kydland et Prescott (1982); deux chercheurs qui ont gagné le prix Nobel d'économie en 2004. Ces auteurs sont parmi les premiers à fournir une explication du cycle économique dans le cadre d'un modèle d'équilibre général qui est uniquement perturbé par des chocs sur la productivité totale des facteurs.
La théorie de l'équilibre général est caractérisée par trois piliers: (i) les ménages maximisent leur utilité, (ii) les entreprises maximisent leurs profits et (iii) tous les marchés sont en équilibre. Kydland et Prescott ont développé l'équilibre général dans un cadre dynamique: tous les agents prennent des décisions en tenant compte non seulement de l'état actuel de l'économie mais également de son état futur, anticipé à partir des actions prises aujourd'hui.
Quelques dix ans plus tard, Backus, Kehoe et Kydland (1992, 1994) ont ajouté une dimension internationale à cette famille de modèles. Bien que le modèle RBC s'adapte à la structure d'une économie fermée, ces auteurs ont démontré que le modèle RBC peine à expliquer les fluctuations conjoncturelles internationales. Selon les données, les mouvements des agrégats économiques (production, consommation, investissement et emploi) sont corrélés positivement à travers les pays, tandis que ces corrélations sont négatives dans le modèle RBC à deux pays. De plus, dans les données, la correlation est négative entre le taux de change réel et la consommation relative (entre deux pays), tandis que dans les modèles RBC cette corrélation est positive. Ce dernier problème, connu sous le nom d' “énigme de Backus-Smith” ou “Backus-Smith puzzle”, constitue l'un des plus grands défis de la théorie internationale du cycle économique.
Plusieurs études ont tenté de résoudre ces deux problèmes, avec quelque succès pour le premier (corrélations positives entre pays) mais moins pour le deuxième (Backus-Smith puzzle).
Dans ce Cahier d'Études nous proposons un modèle RBC à deux pays qui est cohérent avec les corrélations observées dans les données. Plus précisément, notre modèle propose une solution au “Backus-Smith puzzle” par l'introduction de chocs “anticipés”. Selon la théorie classique du cycle réel, les chocs à la productivité totale des facteurs sont complètement imprévisibles. En réalité, il est bien connu que les nouvelles technologies nécessitent du temps avant de se propager à l'ensemble de l'économie. Il est donc possible de prévoir l'impact futur des innovations technologiques même avant qu'elles ne soient commercialisées. Dans notre modèle les chocs technologiques sont parfaitement connus une période à l'avance, ce qui affecte les anticipations des agents économiques, sans pour autant changer le niveau actuel de la productivité. Il en résulte un effet de revenu qui ressemble à un choc de demande, augmentant les prix dans le pays concerné et modifiant ainsi le taux de change réel.
Ceci permet au modèle de générer une corrélation négative entre le taux de change réel et la consommation relative, ce qui est cohérent avec les données. De plus, le modèle génère des corrélations positives entre pays pour les agrégats économiques (production, consommation, investissement et emploi).
En conclusion, l'introduction de chocs “anticipés” permet d'améliorer la performance de notre modèle par rapport aux données, sans pour autant sacrifier les autres avancées obtenues par la literature récente.
Les résultats empiriques confirment que les chocs liés à une hausse des revenus futurs conduisent à des expansions économiques. Une contribution majeure de notre papier est d'établir les fondements théoriques pour une telle expansion économique généralisée suite à un choc anticipé, tout en générant des mouvements des prix relatifs en ligne avec ceux observés dans les données.