Prince Henri Auditoire 02 BW

Publication du Cahier d’études n°124 - Short-time work in the great recession: firm-level evidence from 20 EU countries

10.12.2018

Auteurs: Reamonn Lydon, Thomas Y. Mathä et Stephen Millard

Les programmes de chômage partiel (PCP) sont des régimes visant à préserver l'emploi dans les entreprises confrontées à une demande temporairement faible. La Grande Récession et la crise de la dette souveraine qui a suivi ont entraîné une augmentation significative du nombre d'employeurs et d'employés qui ont recours aux PCP dans de nombreux pays européens.

Le présent document utilise la troisième vague de l'enquête WDN (Wage Dynamics Network Survey) du Système européen de banques centrales pour analyser à la fois les facteurs qui influent sur l'adoption de PCP et l'impact plus large des chocs de demande sur les niveaux généraux d'emploi. La vague WDN3 contient les résultats d'une enquête harmonisée menée en 2014/15 auprès de plus de 25 000 entreprises de 25 pays de l'Union européenne, au cours de laquelle les employeurs ont été interrogés directement sur la manière dont ils ont ajusté leur demande de main-d'œuvre face aux chocs négatifs de la demande.

Pour motiver notre analyse empirique des déterminants de la participation aux PCP, nous présentons un modèle simple, qui identifie les facteurs clés susceptibles d'affecter la participation du point de vue de l'employeur. Le modèle suggère que les entreprises dans des secteurs connaissant une plus grande rigidité à la baisse des salaires nominaux, faisant face à des chocs de demande négatifs plus importants, étant soumises à une législation plus stricte en matière de protection de l'emploi et/ou subissant des coûts de licenciement plus élevés et ayant un recours accru au capital humain propre aux entreprises sont toutes davantage susceptibles de recourir aux PCP. Ces résultats sont fortement étayés par les données, tous les facteurs étant statistiquement et économiquement significatifs.

Nous établissons un lien entre l'adoption de PCP et les facteurs institutionnels au niveau national. Nous montrons que l'utilisation de PCP est plus répandue dans les pays où les régimes du chômage partiel sont formalisés et dans les pays où ces régimes ont été étendus en réponse à la récente crise. Cependant, une série d’éléments donnent à penser que certaines réformes des régimes liées à la crise - telle que l'augmentation de la rémunération des travailleurs travaillant à temps partiel, qui a pour effet de réduire les subventions aux entreprises - réduisent la participation aux PCP.

En ce qui concerne l'impact économique plus large des PCP, nous montrons que les entreprises qui recourent à ces régimes sont nettement moins susceptibles de licencier des travailleurs permanents en réponse à un choc négatif, ceci étant sans impact pour les travailleurs temporaires, comme le suggère la théorie. En reliant notre mesure de la participation aux PCP dans les micro-données aux données agrégées sur l'emploi et la production, nous montrons que les secteurs dans lesquels la participation au chômage partiel est élevée présentent des variations cycliques de l'emploi nettement moins importantes. Plus précisément, l'élasticité de l'emploi par rapport à la production dans les secteurs où l'utilisation de chômage partiel est élevée est d'environ un quart de celle des entreprises des secteurs où l'utilisation de chômage partiel est faible ou nulle. 

Le contenu de cette étude ne doit pas être perçu comme étant représentatif des opinions de la Banque centrale du Luxembourg ou de l’Eurosystème. Les opinions exprimées reflètent celles des auteurs et non pas nécessairement la position de la Banque centrale, de ses dirigeants ou de l’Eurosystème.

Ce cahier d’études est disponible sur le site internet de la BCL : www.bcl.lu