- Publications de la Banque centrale européenne
La Place financière: Actualités - Yves Mersch
à l'occasion de la cérémonie d'inauguration de la Banque industrielle et commerciale de Chine à Luxembourg à l'Hôtel Le Royal
Luxembourg, le 16 décembre 1999
Seule la parole prononcée fait foi.
La reproduction est autorisée si la source est citée.
Table des matières
- La place financière : chiffres récents
- Somme des bilans des IFM (Institutions financières monétaires) luxembourgeoises
- Etablissements de crédit luxembourgeois
- Somme des bilans des banques
- Evolution des comptes profits et pertes des banques
- Réserves obligatoires
- Evolution de la valeur nette d'inventaire des OPC (Organismes de placement collectif)
- Evolution de l'effectif global dans le secteur financier
- Le rôle international de l'euro
- Conclusion
Bienvenue à Luxembourg
C'est un plaisir pour moi d'accueillir à Luxembourg la nouvelle succursale de la Banque industrielle et commerciale de Chine. Votre banque qui comporte environ 500 000 personnes, est la bienvenue dans ce pays d'un nombre d'habitants à peu près équivalent.
Après l'établissement d'une filiale à Francfort, l'ouverture d'une succursale à Luxembourg marque votre volonté de contribuer au développement de l'économie chinoise et d'intensifier les relations avec l'Europe. Je ne doute pas que cet établissement puisse fournir à sa clientèle engagée dans le commerce international, des services adéquats et accéder aux marchés internationaux pour y lever les fonds nécessaires au financement de ses activités.
Je salue la délégation spécialement venue de Chine, pays ayant bien résisté à la crise financière frappant depuis 1997 divers pays asiatiques. Il est encourageant d'observer que l'économie chinoise continue sa forte croissance depuis 1998 (8% environ). Le Fonds monétaire international (FMI) a pu relever les problèmes relatifs aux secteurs financier et des entreprises publiques : il encourage les autorités à continuer leurs efforts en matière de renforcement du secteur financier et de réformes des entreprises publiques. J'espère que l'expérience recueillie à Luxembourg puisse contribuer au bon développement de ce secteur.
Selon le FMI, dans les domaines de politique macro-économique et de cours de change, la Chine a suivi une direction appropriée en maintenant la stabilité de la monnaie et en fournissant des incitants pour l'économie. Ces mesures ont joué un rôle important dans les ajustements économiques régionaux et la reprise économique. Nous saluons les efforts d'intégration de la Chine aux marchés commerciaux et financiers internationaux.
Le Luxembourg, n'a jamais pratiqué une politique de centre off-shore. Au contraire, un grand atout de la place financière de Luxembourg est l'adaptation continue de sa législation bancaire et financière aux circonstances nouvelles et au développement du droit communautaire.
L'introduction de l'euro à Luxembourg s'est faite rapidement et sans problèmes. A ce jour, plus de la moitié des établissements de crédit de la place ont basculé vers la monnaie unique.
L'introduction de l'euro a entraîné une rénovation de la structure institutionnelle au niveau européen avec la création de la Banque centrale européenne et au niveau luxembourgeois avec la création de la Banque centrale du Luxembourg et de la Commission de surveillance du secteur financier.
La mission principale de la Banque centrale est de réaliser les missions de l'Eurosystème. Celles-ci consistent d'abord en la mise en oeuvre de la politique monétaire de l'Eurosystème mais impliquent aussi d'autres missions, notamment de surveillance des systèmes de paiement et de règlement sur titres. Il appartient exclusivement à l'Eurosystème d'organiser la surveillance des systèmes de paiement et de règlement sur titres si importants pour la politique monétaire et les marchés financiers en général.
1. La place financière : chiffres récents
1.1. Somme des bilans des IFM (Institutions financières monétaires) luxembourgeoises
Les IFM comprennent les établissements de crédit au sens du droit communautaire et d'autres établissements financiers répondant à la définition des fonds d'investissement monétaires. Ce secteur produit les données significatives pour la politique monétaire de l'Eurosystème.
La somme de bilan provisoire des IFM luxembourgeoises au 31 octobre 1999 s'élève à 629 524 millions d'euros.
Au cours du mois sous revue, la somme des bilans des IFM a témoigné d'une hausse de 14 891 millions d'euros par rapport au 30 septembre 1999 où elle se situait à 614 633 millions d'euros.
1.2. Etablissements de crédit luxembourgeois
1.2.1. Somme des bilans des banques
A la fin du mois d'octobre 1999, la somme des bilans provisoire des établissements de crédit luxembourgeois s'élève à 584 266 millions d'euros. La somme des bilans des établissements de crédit luxembourgeois a par conséquent connu, au cours du mois d'octobre 1999, une hausse de 12 979 millions d'euros soit 2,27% par rapport au 30 septembre 1999.
L'analyse du bilan agrégé des établissements de crédit luxembourgeois montre que la hausse de la somme de bilan agrégée s'explique essentiellement par l'augmentation très nette des actifs et des passifs interbancaires. Du coté de l'actif, on constate un accroissement des dépôts interbancaires, mais également des créances sur la clientèle. Alors que ces dernières affichent un faible taux de croissance de 0,5% par rapport au mois de septembre 1999, on notera qu'en glissement annuel leur taux de croissance est de 10,8%.
A noter également l'évolution favorable du portefeuille-effets et valeurs mobilières à revenu fixe qui n'a cessé d'augmenter régulièrement au cours des dernières années. Avec un poids relatif de 24,5% dans la somme des bilans, ce poste consolide son importance dans la structure de l'actif du bilan agrégé.
Au niveau du passif, on notera que les dépôts de la clientèle ont évolué de manière favorable avec une légère hausse de 0,15% par rapport au mois précédent; ils se situent désormais à 189 923 millions d'euros.
1.2.2. Evolution des comptes profits et pertes des banques
L'analyse du compte de profits et pertes au 30 septembre 1999 et la comparaison des résultats atteints par les banques luxembourgeoises ne peuvent pas être effectuées sans procéder à la neutralisation des revenus sur divers exceptionnellement élevés et non récurrents observés en 1998. Compte tenu de cette neutralisation, les résultats bruts dégagés par les établissements de crédit luxembourgeois au 30 septembre 1999 se situent à un niveau similaire à celui observé à la même date de l'année précédente.
Néanmoins, les différentes composantes du résultat brut montrent des évolutions particulières qui sont brièvement décrites ci-dessous.
Résultats sur intérêts
La baisse en termes bruts des intérêts perçus et bonifiés en glissement annuel, déjà observée au 30 mars ainsi qu'au 30 juin 1999, s'est maintenue également au cours du troisième trimestre de l'année en cours. Malgré une somme de bilan moyenne supérieure à celle observée au cours des trois premiers trimestres de l'année précédente, les comptes de profits et pertes des établissements de crédit luxembourgeois, arrêtés au 30 septembre 1999, témoignent d'une baisse des intérêts perçus et bonifiés. Cette évolution défavorable qui trouve son explication dans la baisse continuelle des taux d'intérêt sur les marchés, présente néanmoins une caractéristique réjouissante pour les établissements de crédit luxembourgeois. La tendance, entamée depuis le début de l'année 1998, qui consistait dans un accroissement plus rapide des intérêts bonifiés par rapport aux intérêts perçus, s'est retournée au cours de l'année 1999; en effet, face à une baisse de 8,3% des intérêts bonifiés, on retrouve une baisse de 7,2% seulement des intérêts perçus. La marge sur intérêts s'est par conséquent accrue de 4,8% par rapport au 30 septembre 1998 et représente désormais 52,1% du résultat brut total.
Résultats hors intérêts
En ce qui concerne les résultats hors intérêts, on remarquera une baisse notable des revenus sur la réalisation de titres. Le résultat sur titres, qui se situe plus ou moins au même niveau que celui observé au 30 septembre 1997, est de 32,7% inférieur à celui observé à la même date de l'année précédente.
Le résultat sur commissions quant à lui continue à constituer la principale source de revenus hors intérêts malgré un taux de croissance inférieur à celui observé au cours de l'année 1998. Ce taux de croissance annuel est de 12,8% au 30 septembre 1999, alors qu'en date du 30 septembre 1998 il était de 20,2% en glissement annuel. Toutefois, en raison de la diminution du résultat sur divers, le solde sur commissions gagne en importance relative dans le total du résultat hors intérêts et représente désormais 34,9% de ce dernier.
Le résultat sur opérations de change évolue également d'une manière positive et, avec une augmentation de 12,75% en glissement annuel, est même supérieur au niveau atteint le 30 septembre 1998. Cette évolution est de nature à démontrer que les banques luxembourgeoises ont su compenser les manques à gagner dus à l'introduction de la monnaie unique en étendant leurs activités sur des unités monétaires autres, essentiellement le USD, le JPY mais également le CHF, que celles des pays de la zone euro.
Finalement, on notera particulièrement la baisse importante des résultats sur divers. Dans ce contexte, il y a lieu de rappeler que l'année 1998 était caractérisée par des résultats sur divers exceptionnels due à la réalisations de plus-values importantes sur des titres de participation (cfr. également rapport annuel de la BCL).
En raison de l'importance exceptionnelle des revenus nets sur divers au cours de l'année 1998, la marge sur intérêts ne représentait, en moyenne, plus que 45% du résultat brut. Au cours de l'année 1999 le poids relatif de la marge sur intérêts est néanmoins revenu au niveau "normal"; bien que l'importance relative du résultat sur intérêts soit en décroissance depuis quelques années son niveau s'est néanmoins rétabli autour de 52% au cours des trois premiers trimestres de l'année en cours.
Frais
Au 30 septembre 1999, les frais de personnel montrent un accroissement de 9,6% en glissement annuel. Cette évolution est à voir en relation avec la croissance considérable de l'emploi dans le secteur bancaire, mais également en relation avec l'augmentation des coûts salariaux.
L'augmentation des frais d'exploitation devrait être vue d'une part en relation avec des investissements au niveau informatique (an 2000) et d'autre part par des équipements supplémentaires, indispensables en raison de l'accroissement de l'effectif.
1.2.3. Réserves obligatoires
Le montant provisoire de l'exigence de réserve pour la période de maintenance qui a débuté le 24 novembre s'élève à 6 190 millions d'euros, soit 72 millions d'euros de plus que lors de la période de maintenance précédente où le montant définitif était de 6 118 millions d'euros.
1.3. Evolution de la valeur nette d'inventaire des OPC (Organismes de placement collectif)
D'après les explications fournies par la Commission de surveillance du secteur financier, la hausse de la valeur nette d'inventaire totale des OPC luxembourgeois résulte de l'effet conjugué de la hausse du cours du dollar et des marchés boursiers au cours du mois d'octobre (60%) et de l'investissement net en capital (40%).
1.4. Evolution de l'effectif global dans le secteur financier
D'une manière générale, l'évolution de l'effectif dans le secteur financier est plus que satisfaisante.
Au 30 septembre 1999, l'emploi dans le secteur financier s'élevait à 23 618 unités, ce qui représente une progression de 520 unités (+ 2,25%) par rapport au 30 juin 1999 et de 1 451 unités (+ 6,55%) par rapport à la même date de l'année précédente.
L'emploi dans le secteur financier représente désormais 10,4% de l'emploi total au Luxembourg contre 9,8% au 30 septembre 1998.
La répartition entre Luxembourgeois et étrangers continue à évoluer en défaveur des Luxembourgeois qui ne représentent plus que 35,0% de l'emploi dans le secteur financier contre 37,8% au 30 septembre 1998. Au cours du dernier trimestre, le nombre de Luxembourgeois employés dans le secteur financier est stagnant, alors que le nombre des employés étrangers a augmenté de 410 unités.
Au 30 septembre 1999, l'effectif total dans les établissements de crédit s'élève 20 947 unités, soit une progression de 505 unités (+ 2,47%) par rapport au 30 juin 1999 et de 1 285 unités (+ 6,64%) par rapport au 30 septembre 1998.
Au 30 septembre 1999, l'emploi dans les autres professionnels du secteur financier qui s'élevait à 2 671 unités, reste stable par rapport au 30 juin 1999. Par rapport au 30 septembre de l'année précédente, l'emploi total augmente de 166 unités ce qui représente une hausse de 6,63%.
2. Le rôle international de l'euro
Le rôle international de l'euro découle naturellement des libertés garanties, à l'intérieur comme à l'extérieur en matière de capitaux. L'euro a pour vocation, depuis son lancement de servir de monnaie internationale ; ce rôle est appelé à croître progressivement, au gré d'une part de l'intégration, et de l'amélioration des marchés financiers européens et d'autre part, des mesures politiques suivies, à l'intérieur comme à l'extérieur.
On peut relever que plus d'une trentaine de pays ont des régimes de taux de change impliquant l'euro. L'euro est sans conteste, à présent, la deuxième monnaie internationale la plus utilisée et ce dans ces différentes fonctions de financement, d'investissement, de réserve ou d'unité de référence.
Il est prévisible que l'usage international de l'euro ira croissant même si cette évolution ne peut être que progressive ; il contribue à l'amélioration des marchés financiers en euro.
L'euro a aussi pour vocation de servir d'actif de réserve, ce qui vient encore d'être reconnu par le président de l'Autorité monétaire de Hong Kong M. Joseph Yam.
3. Conclusion
Le démarrage de l'Union monétaire a été un succès et les effets sur la place financière de Luxembourg ne peuvent être que bénéfiques pour ses perspectives d'avenir. De nombreux défis sont sans aucun doute encore à relever. Cependant, l'euro a la vocation de devenir une monnaie largement utilisée à l'échelle mondiale ; il apparaît comme un facteur dynamique dans le développement si important pour nous, des relations financières entre l'Europe et l'Asie. L'action de l'Eurosystème s'inscrit dans la durée ; elle vise à garantir la stabilité et contribue au développement des services et marchés financiers, ainsi que de l'économie globale.
C'est dans ce contexte général que s'attache un prix particulier à l'installation de votre banque à Luxembourg à laquelle nous souhaitons plein succès.
Annexe: Liste des tableaux
- Evolution du nombre et de la somme des bilans des IFM
- Evolution du nombre et de la somme des bilans des banques
- Evolution des comptes de profits et pertes au cours des deux dernières années
- Réserves obligatoires
- Evolution du nombre et de la VNI des OPC
Tableau 1
Evolution du nombre et de la somme des bilans des IFM
Date |
Somme des bilans en millions de EUR |
Variation annuelle en % |
Variation mensuelle en % |
déc-98 |
577 884 |
4,35 |
-4,09 |
janv-99 |
578 024 |
2,41 |
0,02 |
févr-99 |
584 349 |
3,05 |
1,09 |
mars-99 |
585 643 |
-0,66 |
0,22 |
avr-99 |
597 663 |
1,17 |
2,05 |
mai-99 |
602 406 |
2,04 |
0,79 |
juin-99 |
608 451 |
2,18 |
1 |
juil-99 |
604 894 |
1,33 |
-0,58 |
août-99 |
610 699 |
4,66 |
0,96 |
sept-99 |
614 633 |
4,96 |
0,64 |
oct-99 |
629 524 |
6,08 |
2,42 |
Tableau 2
Evolution du nombre et de la somme des bilans des banques
Date |
Somme des bilans en millions de EUR |
Variation annuelle en % |
Variation mensuelle en % |
Nombre de banques |
déc-98 |
540 887 |
4,71 |
-4,69 |
209 |
janv-99 |
543 304 |
2,68 |
0,45 |
210 |
févr-99 |
538 823 |
1,5 |
-0,82 |
210 |
mars-99 |
549 686 |
-0,68 |
2,02 |
211 |
avr-99 |
556 208 |
0,32 |
1,19 |
211 |
mai-99 |
561 327 |
1,37 |
0,92 |
209 |
juin-99 |
565 789 |
1,24 |
0,79 |
209 |
juil-99 |
561 009 |
0,06 |
-0,84 |
209 |
août-99 |
568 544 |
4,3 |
1,34 |
208 |
sept-99 |
571 220 |
4,18 |
0,48 |
210 |
oct-99 |
584 266 |
4,87 |
2,27 |
211 |
Tableau 3
Evolution des comptes de profits et pertes au cours des deux dernières années
Tableau 4
Réserves obligatoires
en millions de EUR |
1999/07 |
1999/08 |
1999/091) |
1999/101) |
Dettes ayant une échéance initiale inférieure à 2 ans |
292 185 |
290 565 |
288 897 |
290 394 |
Dettes ayant une échéance initiale supérieure à 2 ans |
7 515 |
7 517 |
7 157 |
7 904 |
Opérations de vente et de rachat fermes |
1 507 |
1 921 |
2 099 |
3 292 |
Titres émis ayant une échéance initiale inférieure à 2 ans |
5 025 |
5 412 |
5 998 |
6 408 |
Titres émis ayant une échéance initiale supérieure à 2 ans |
26 942 |
29 559 |
29 730 |
31 172 |
Titres monétaires |
12 013 |
12 488 |
12 018 |
13 638 |
Exigence de réserve |
6 165 |
6 150 |
6 118 |
6 190 |
Franchise |
19 |
19 |
19 |
19 |